Le Pas de l’œil de verre

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Fiche Technique 

Difficulté: Difficile

Objectif de la randonnée: Atteindre le Pas de l'œil de verre.

Le départ se fait du parking situé devant la Faculté des Sciences, sur le campus universitaire de Luminy. L'entrée du parc des calanques se trouve au bout de ce parking, mais avant nous croisons une fontaine (Photo 1) qui est là pour les "totis" qui auraient oublié de remplir leur "coucourde" et qui est parfois aussi la bienvenue au retour de randonnée.

 
1 - Fontaine à l'entrée du Parc

Après la barrière, je prends le temps de lire les informations, proposées sur des panneaux (Photo 2), qui ont pour objectif, d'une part de préserver au mieux la faune et la flore de ce magnifique Parc National des Calanques et d'autre part de retracer l'intéressant parcours historique du Domaine de Luminy.

2 - Entrée du Parc

Je m'engage ensuite sur le Sentier # 6 bleu appelé aussi "Sentier de découverte", large piste, en faux plat, certes un peu lassante, mais après avoir dépassé les résidences universitaires sur la gauche, le chemin progresse, dans un secteur agréablement boisé des 2 côtés (Photos 3 et 4), jusqu'au Col de Sugiton.

Deux mots sur Sugiton avant de continuer: Quand on était minots, la plage de Sugiton était réputée pour être surtout utilisée par les naturistes et quand on y allait, cela faisait sourire tout le monde parce que soit, c'était pour faire soi même du nudisme, soit c'était pour aller espincher les culs nus.

3 - Sur le sentier de Découverte

4 - Sur le sentier de Découverte

Ce col de Sugiton est un croisement de plusieurs sentiers:

- A gauche le Sentier # 6a rouge que l'on connait aussi sous le nom de " Chemin du Centaure" (Photo 5), et au dessus le Mont Puget (Photo 6), soutenu par les Falaises de Luminy.

5 - Chemin du Centaure

 
6 - Mont Puget

- A droite la route menant au Belvédère de Sugiton aussi nommé "la Tour d'Orient" (Photo 7) (*). 

(*) Le Belvédère, perché à 250 m d'altitude, est une ancienne vigie militaire qui dispose d'une table d'orientation et qui offre une vue magnifique, avec d'un côté, la Calanque de Sugiton, de l'autre, le Cap Morgiou et une vue plongeante sur la Calanque de Morgiou. 

 
7 - Belvédère de Sugiton

- En face le GR 51-98 rouge et blanc, qui à ce niveau est combiné avec les Sentiers # 6 jaune et # 6 vert et sur lequel je m'engage.

Après quelques dizaines de mètres je passe devant les ruines du Jas (*) (Photos 8, 9 et 10), mot provençal, issu du latin "Jacium", qui désigne le «lieu où l'on gît, où l'on habite». Dans les Alpes et le Midi de la France, c'est un abri pour les troupeaux de chèvres ou de moutons.

(*) Il s'agit de l'un des derniers vestiges de l'activité d'élevage dans les Calanques. La première trace d’élevage de moutons et de chèvres dans les calanques remonte à 1364. Cette bergerie avait été aménagée pour abriter les moutons de la Comtesse de Luminy. 

8 - Entrée de la Bergerie

9 - "Intérieur" de la bergerie

 
10 - Vue depuis la bergerie

Plus tard, je laisse sur la gauche le Sentier # 6 vert ou jaune qui monte en direction du Sentier des treize contours et de la Grande Candelle (Photo 11) et me voila sur ce qui était jadis le Sentier # 6 rouge (Photo 12). Malheureusement, ce sentier a été déclassé et n’apparaît désormais plus sur les nouvelles cartes, rendant ainsi la progression vers le Pas de l'œil de verre plus délicate.

11 - Sentiers # 6 vert ou jaune conduisant à la Grande Candelle

 
12 - Ex Sentier # 6 rouge 

Peu après le franchissement d'une barrière je me dirige, prudemment, vers le sommet de la Falaise des Toits. Je précise "prudemment", car le 12 mars 2023, un drame s'est déroulé à cet endroit et un homme de 58 ans est mort après avoir fait une chute de plus de 40 mètres depuis le haut de cette falaise.

Il est vrai que la vue depuis ce nid d'aigle est à couper le souffle. On domine, d'une part l'Aiguille de Sugiton, le cap Morgiou et l'entrée de la calanque du même nom (Photo 13) et d'autre part le fameux Torpilleur de Sugiton (Photo 14). Les parois de cette falaise abritent de nombreuses espèces qui viennent y nicher et sont également très prisées pour l’escalade. 

!  Il n'en reste pas moins risqué, à toute personne manquant d'expérience ou ayant peur du vide de s'approcher trop près du bord de la falaise, en particulier lorsque les conditions météorologiques ne sont pas optimales, notamment par fort vent.

13 - Vue panoramique depuis le sommet de la Falaise des Toits

 
14 - Torpilleur de Sugiton vu depuis le sommet de la Falaise des Toits

La large piste laisse ensuite place à un petit chemin qui descend doucement vers le niveau de la mer.

Le balisage rouge, n'étant plus entretenu, il est évidemment beaucoup moins présent, me mettant en porte à faux vis à vis d'autres randonneurs me questionnant éventuellement sur la localisation exacte du sentier et devant mon indécision déclamer avec force "O collègue ! si tu sais pas où est le sentier rouge t'as qu'à aller te néguer à l'Estaque !". 

Fort heureusement, quelques anciennes marques persistent et sont les bienvenues pour se diriger vers ce Pas de l'œil de verre, certainement un des sites les plus connus et appréciés des randonneurs. Et puis il est sage de garder en mémoire ce proverbe chinois: "Pour connaître le chemin, interroge celui qui en vient".

Depuis ce sentier, on aperçoit au loin la Grande Candelle et son petit Candelon avec entre les deux le fameux Couloir du Candelon (Photo 15), itinéraire sauvage et très technique qui permet d'atteindre le Col de la Grande Candelle. 

15 - Au loin, la Gande Candelle et son Candelon

En se dirigeant vers la mer, une magnifique vue s'offre à nous sur le Cap Morgiou et l'Archipel de Riou à l'horizon dans la dépression du Col du Renard (Photo 16), sur l'élégant Torpilleur de Sugiton (Photo 17) et sur la Calanque des Pierres tombées (*) (Photo 18).

(*) Cette Calanque des Pierres tombées, ancien espace naturiste, a été plusieurs fois interdite d'accès, en 2001, en 2006 après l'accident où un homme se trouvant sur cette plage a été tué par un pan de la falaise qui s'était décroché et en 2008 suite à un effondrement. Mais elle a ensuite été chaque fois ré-ouverte. 

16 - Cap Morgiou et à l'horizon l'Archipel de Riou

17 - Belle vue rapprochée du Torpilleur

 
18 - La Calanque des "Pierres Tombées", aucun naturiste aujourd'hui !

Plus loin on peut voir, près du bord de mer, un gros rocher surnommé, de par sa forme "le Tonneau", entre la calanque des Pierres Tombées et la calanque de l'Œil de Verre. Plusieurs pins d'Alep s'y sont implantés sur sa cime (Photo 19). 

 
19 - Le Tonneau de Sugiton

L’entretien courant des sentiers (balisage, débroussaillage, petit terrassement) est en principe réalisé par des bénévoles qu'il faut évidemment remercier et encourager. Malheureusement, l'entretien du sentier conduisant au Pas de l'Oeil de verre n'est plus assuré comme par le passé. De ce fait il est souvent encombré d'arbres tombés en travers, qui pour être magnifiques d'un point de vue iconographique (Photo 20), ralentissent significativement la progression des randonneurs.

 
20 - Sur le sentier en descendant vers la mer

On se rapproche de Calanque de l'Œil de Verre, de son vrai nom "Calanque Saint Jean de Dieu" (Photos 21 et 22).

Pourquoi ce nom Œil de Verre ? On n'a aucune certitude sur son origine, mais pour couper court à toute discussion, certains membres des Excursionnistes marseillais ont décidé de justifier cette appellation en disant :"Tè Vé ! on va leur coller ici un gros œil et en plus en verre, comme ça y vont arrêter de nous gonfler les alibofis !". C'était en 1904 et ils ont utilisé pour cela la lentille d’une ancienne lanterne, peinte comme un énorme œil. 

La présence de gros rochers au milieu de la calanque ne favorisent pas vraiment la baignade. En revanche, la Lèque de Saint Jean de Dieu, située juste avant, avec ses roches plates pourrait sembler idéale pour se baigner et éventuellement pique niquer (Photo 23), mais attention car son accès est assez compliqué. 

21 - Proche de la Calanque de l'Œil  de Verre

22 - Entrée de la Calanque de l’Œil  de Verre, encombrée par de gros rochers

 
23 - La Lèque de St Jean de Dieu, avec ses pierres plates

Au dessus de la calanque se trouve la paroi de La Concave, d'environ 150 mètres de hauteur, dont plus de 100 mètres en dévers (Photo 24). La directissime de la Concave est un itinéraire mythique pour les escaladeurs.

24 - La Concave

Le sentier très raide s'élève ensuite vers le Pas de l'Œil de Verre, situé à environ 85 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce passage d'escalade, haut d'une dizaine de mètres, est bien équipé d’une chaîne, solidement fixée en main courante (Photo 25), et d’échelons scellés dans le rocher (Photo 26). 

Ce n'est donc plus un passage très difficile, mais il n'en reste pas moins que le vide qui l'entoure est quand même impressionnant. De ce fait, il est déconseillé aux enfants non accompagnés et aux personnes sujettes au vertige.

25 - Equipement (chaîne) dans le Pas de l'Œil de Verre

 
26 - Equipement (échelons métalliques) dans le Pas de l'Œil  de Verre

Au milieu du passage, l'œil énorme vous observe lors de la traversée du Pas (Photo 27).  

 
27 - Le fameux Œil de Verre 

C'est à ce niveau et dans ce splendide panorama (Photo 28) que je décide de casser la croûte.

28 - Panorama vu depuis le coin casse croûte 

Pour le retour le chemin emprunté est le même qu'à l'aller,

En résumé, c'est une randonnée très sympathique à réaliser. Maintenant en termes de difficulté, je dirais qu'à l'aller le départ est très simple, vers le milieu, c'est un peu plus compliqué, vers la fin c'est difficile et le passage du Pas lui même est très difficile. Pour le retour la difficulté est plus grande parce qu'il fait maintenant beaucoup plus chaud et qu'il s'agit surtout de montée alors que ce matin c'était plutôt de la descente.